Barry Parkin
“Il faut que le discours soit celui de la preuve : ce sont les actes concrets qui permettent d’accélérer les transitions.” – Carine Kraus, Directrice exécutive de l’Engagement chez Carrefour
Le courage se définit ainsi par cette fermeté de l’esprit qui permet de tenir et de soutenir des idées hardies : il est une lucidité transformée en action.
Cécile Beliot
Une fois le diagnostic partagé, une fois la vérité affrontée, il s’agit donc de se mettre en mouvement. En tant que leader, cet impératif de l’action est d’autant plus prégnant.
→ Tout d’abord parce qu’il n’y aura pas de grand sauveur qui émancipera les dirigeants de leur responsabilité.
“Il faut que les gens comprennent qu’il n’y aura pas de maître du monde qui viendra les sauver. La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux. Donc il faut s’y mettre.” – Bertrand Badré, ancien Directeur général de la Banque Mondiale, Managing Partner et Fondateur de Blue like an Orange Sustainable Capital, où il vise à combiner performance et impact à une échelle importante.
“La seule façon de résoudre ces défis, c’est que tout le monde s’y mette”, renchérit Emeric Preaubert.
→ Et ensuite parce que les leaders – justement parce qu’ils influencent, embarquent et inspirent – ont un potentiel d’impact élevé. Leur action est observée et contagieuse. Plus grande est leur responsabilité d’agir.
“Le mouvement suscite l’adhésion, et il faut du mouvement sinon on régresse. C’est pour cela que l’entrepreneuriat est une forme de courage en soi.” – Bris Rocher, Président du Groupe Rocher.
Et en effet, l’adhésion au mouvement ne peut se construire que par l’exemplarité : “c’est parce que le dirigeant affronte les difficultés et qu’il avance quoiqu’il arrive, que les équipes suivent. L’exemplarité construit la confiance.” – Cécile Beliot
On dit d’ailleurs de quelqu’un qu’il est hardi s’il sait justement prendre l’initiative dans des entreprises hasardeuses, risquées. Il s’agit ici de s’engager au risque de perdre quelque chose.
“Le courage, c’est faire ce qui doit être fait en étant conscient des conséquences et être prêt à les assumer, à commencer par les risques que l’on prend à titre personnel.” – Emmanuel Faber, ancien PDG de Danone à l’initiative de l’ambitieux plan One planet, one health.
Ainsi, alors que la lucidité fait prendre toute la mesure des changements à opérer, pousse parallèlement dans le cœur des dirigeants un autre sentiment : la peur. Une peur qui est à dépasser. Une peur qui pourrait les tétaniser et qui pourtant libère et décuple leur énergie.
“Un des obstacles majeur de l’action, c’est la peur. En tant que leader, nous devons remplacer la peur par la confiance et la cultiver. C’est plus courageux d’aller vers le bien que vers la guerre.” – Satish Kumar, leader d’opinion et militant pour la paix.
Bris Rocher
Et c’est plus précisément la peur que cette possibilité d’agir puisse être annihilée à jamais qui a été un déclencheur pour beaucoup de dirigeants.
“Le plus grand risque serait de ne pas prendre de risque” nous dit Sandrine Conseiller, directrice générale d’Aigle. “Car, de toute façon, nous n’avons pas le choix. Nous vivons une décennie critique : si nous voulons passer de l’immobilité à l’action, c’est maintenant, pas dans 10 ans.”
“Pour moi, la peur a été un levier d’action. La peur de laisser un monde pourri à mes enfants, la peur de m’être bougé trop tard, de ne pouvoir échapper aux conséquences irrémédiables. La peur d’être dans un monde où l’on ne peut plus agir.” – Emery Jacquillat, président Camif et Communauté des Entreprises à Mission.
L’action pourrait bien être aussi une libération. Alors qu’un discours d’intentions sans effets est vecteur de culpabilité (parler de vérité engage terriblement), l’action a un pouvoir salvateur.
“Le courage est une forme d’énergie dans l’action qui libère.” – Cécile Beliot
“Je vais au bout car je ne veux pas avoir de regret.” – Pauline Lepage, membre de l’association CliMates, un laboratoire d’idées spécialisé dans le changement climatique, qui réunit étudiants et jeunes professionnels.
Un pouvoir qui libère, donc, et qui galvanise en même temps :
“Apprendre à oser, on en a fait notre devise. Il faut oser bouger les lignes, c’est ce qui rend les sujets extrêmement excitants et les solutions pertinentes.” – Eloic Peyrache, directeur général d’HEC.
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